Rêveries et Langueurs

Rêveries et Langueurs

Le poisson scintillant (conte pour enfants sages...)

Il était une fois......

 

Laure et sa sœur Anne se promenaient le long de la Vienne près de l'écluse
de La Manu sur le chemin qui longe la rivière. Après les pluies de novembre
et la crue qui avait suivi le soleil était revenu. Les enfants avaient
décidé de profiter des températures plus douces, et tout en contournant les
flaques résiduelles laissées par le reflux de la Vienne, se dirigeaient vers
l'écluse. Laure voulait  regarder les gros bouillons de la rivière qui
passaient au dessus de l'écluse à demi ouverte.
 
En cheminant sur le retour, Laure eut le regard attiré par un scintillement
dans une flaque. Le soleil semblait jouer avec le clapotis de la nappe
d'eau. Un éclair semblait bouger dans l'eau. Laure lâchât la main d'Anne
pour courir au plus vite examiner cette flaque insolite. Et là, dans la
retenue d'eau se débattait un poisson, Oh pas bien gros mais d'une couleur
extraordinaire, tout doré et brillant, jetant à chaque coup de nageoire des
éclats presque aveuglant. La petite fille en resta bouche bée et était
captivée par ce spectacle. Anne fut aussi séduite par ce petit poisson.
Après un long moment à l'observer, Laure décida de l'emmener avec elle.
 
Mais comment le transporter ? Heureusement, sa grande sœur avait avec elle
un sac plastique. Elles le remplirent d'eau et essayèrent de l'attraper.
Mais le poisson virevoltait, bondissait hors de l'eau. Après de nombreux
efforts, elles arrivèrent à le faire rentrer dans le sac.
Sur le chemin du retour Laure demanda à sa sœur : « Crois tu que Maman voudra
que l'on le garde ? Je voudrais le mettre dans ma chambre et pouvoir le
regarder. »
 
Anne répondit : « Je crois qu'elle sera d'accord et puis ça ne prend pas
beaucoup de place. Par contre il va falloir lui trouver un bocal. »
 
Et c'est ainsi que le poisson si étrange finit sa journée sur la commode
dans un grand bocal et il fut nommé Arthur .Laure était aux anges. Le soir
avant de s'endormir elle regardait son poisson qui tournait et tournait dans
son bocal. Parfois Arthur s'arrête de tourner et regarde Laure avec comme
un air triste dans ses yeux de poisson et de jour en jour il perdait l'éclat
doré de ses écailles. Laure est inquiète et demande conseil à sa sœur.
Anne lui dit : » tu sais je crois qu'il s 'ennuie. Ce n'est pas assez grand
comme bocal et puis il est tout seul. »
Elles discutèrent longtemps mais finalement Laure accepta de remettre le
poisson dans la rivière. Le mercredi suivant elles emmenèrent le bocal et
se retrouvèrent non loin de l'endroit de la pêche miraculeuse.
La crue n'était plus que de l'histoire ancienne et le cours de la Vienne
s'était bien assagi. Elles se mirent au bord et voyant un ponton de bois,
elles s'engagèrent dessus pour être plus sûres de rejeter le poisson dans
une eau profonde.
Laure avait le cœur gros de se séparer de ce petit poisson. Celui –ci
semblait avoir déjà repris des forces car très certainement il avait vu
qu'il se trouvait près de la rivière.
Laure retourna le bocal et Arthur tout excité par la perspective de
retrouver sa liberté sauta d'un bond hors du bocal. Il plongea avec délice
dans les eaux maintenant calmes de la Vienne.
Les deux enfants virent Arthur qui bondissaient hors de l'eau en faisant des
cabrioles. Il avait l'air d'être très heureux de sa nouvelle situation.
Le cœur gros Anne et Laure reprirent le chemin de leur maison le bocal sous
le bras. Oh Oui ! les deux petites filles étaient très tristes  car elles
avaient fini par s'attacher au petit poisson doré.
 
En cheminant sur les berges, tout à coup, elles entendirent un bruit. Au
détour du sentier dans un pré elles aperçurent une superbe montgolfière.
Oubliant leurs chagrins, elles se précipitèrent vers le ballon. En
s'approchant, elles ne virent pas âme qui vive. Rien, seulement une
montgolfière posé au milieu d'un pré. Intriguées et imprudentes elles
s'approchèrent pour regarder dans la nacelle.
Il n'y avait personne. Anne, la plus intrépide des deux, sauta dans la
nacelle et attira sa sœur.
 
Comme si une force occulte les avait observées, la nacelle commença  à
s'élever doucement comme pour laisser le temps aux enfants de  sauter sur le
sol. Elles étaient si effrayées et si excitées à la fois  qu'elles
restèrent et le sol s'éloignât pour les emmener vers une  destination
inconnue.
 
Elles se mirent alors à regarder par-dessus le bord de la nacelle et  virent
les vaches sursauter au passage du ballon. Elles aperçurent  leur foyer qui
était déjà petit. La montgolfière monta de plus en  plus vite et le froid
les fit frissonner. La montée dura longtemps,  si longtemps, qu'épuisées par
tant d'émotions qu'elles s'endormirent sur  le fond de la nacelle en se
blottissant l'une contre l'autre pour se  tenir chaud et en même temps pour
se réconforter.
 
A leur réveil la montgolfière avait atterri dans un pré. L'herbe,  car cela
semblait être de l'herbe, était de  couleur pourpre. La  lumière du jour
était douce et l'air tiède et chargé de parfums qui  leur donnèrent faim.
 
Laure sauta la première de la nacelle suivie peu après par sa sœur. Le  sol
était souple et agréable sous les pieds. Elles virent à quelques  centaines
de mètres l'entrée d'un village ou d'une petite ville avec  des maisonnettes
bien rangées.
 
Elles se dirigèrent vers le village et plus elles avancaient plus l'air 
était chargé d'odeurs sucrées comme les fleurs mellifères. Elles  pénétrèrent
dans une rue qui semblait interminable. Elle montait en  pente douce et au
loin on pouvait deviner comme une sorte de château
.
 
En s'avançant, elles remarquèrent que la rue était bordée de  boutiques.
 Comme des boutiques de l'ancien temps, vieillottes de  par leurs formes
mais rutilantes de par leurs peintures neuves.
Personne dans la rue, seule une douce musique trouble le silence  ainsi que
le bruit feutré de leurs pas sur les pavés.
En s'approchant de la vitrine de la première boutique et collant  leurs
visages sur la vitre, elles virent à l'intérieur un  assortiment de bocaux
en verre. En écarquillant les yeux, elles devinèrent le contenu des bocaux.
 Elles s'agissaient de dragées de  toutes les couleurs Elles en sentirent presque l'odeur à travers la  vitre.
Poussés par la faim qui les tenaillait depuis un moment, elles 
poussèrent la porte du magasin. Un joyeux tintement de cloche  retentit.
Elles attendirent un petit moment et alors quelque chose  d'extraordinaire
arriva. Les bocaux se mirent à se dandiner et les  couvercles se mirent à
leurs tours à tinter en s'ouvrant comme par  enchantement. Laure et Anne
furent effrayées mais comme les  bocaux semblaient les inviter à se servir
et personne ne venant, les  enfants ne purent résister. Elles plongèrent
les mains dans les  bocaux et saisirent les dragées à pleine poignée.
Elles mangèrent des dragées craquantes sous la dent avec une fine  couche de
sucre et des amandes d'une grande saveur. Les pralines se  montrèrent dans
leurs robes roses et les enfants en mangèrent tant  et tant qu'elles se
trouvèrent rassasiées. Elles remplirent leurs poches  en prévisions d'un
autre repas et elles ressortirent de la boutique. A peine sorties, les
bocaux se remplirent à nouveau et les  couvercles reprirent leurs places.
 
Elles marchèrent quelques pas excitées comme des puces par leur bonne 
fortune. Un peu plus loin, elles aperçurent une autre boutique. Elles 
coururent de toutes leurs jambes jusqu'à la vitrine et là, elles  virent un
assortiment de fontaines avec toutes sortes de sirops, de  sodas de toutes
les couleurs. Comme elles avaient soif elles rentrèrent dans la boutique et
aussitôt  le tintement de la cloche  les verres de boissons se remplirent
tout  seul. Laure la gourmande voulut tout goûter au risque de se rendre 
malade. Au bout d'un moment, elles ressortirent du magasin et hop! Les 
fontaines se remplirent à nouveau comme pour attendre le passage d'autres
enfants.
 
Leurs inquiétudes s'étaient envolées et elles ne pensaient plus à ceux  qui
devaient les attendre. C'est avec insouciance qu'elles  continuèrent leur
chemin. Elles voyaient de mieux en mieux  le  château qui maintenant semble
immense. Un autre magasin se tenait un peu plus loin et vite, vite elles se
  dépêchèrent. En regardant à l'intérieur elles aperçurent toutes  sortes
de bonbons et de chocolats qui avaient l'air tous plus  appétissants les uns
que les autres.
Encore une fois à peine entrées, les bocaux s'ouvrent et la  sarabande des
couvercles commence. Les enfants plongèrent leurs  mains dans presque
tous les bocaux et je crois qu'elles restèrent  longtemps dans cette
boutique. Elles mangèrent et mangèrent tellement
de bonbons qu'elles commencèrent à avoir mal au ventre.
 
En sortant de la boutique, elles se sentirent un peu fatiguées et Laure 
voulût dormir. Poussées par la curiosité, elles ouvrirent la porte  d'une
maison. Elles avancèrent dans un petit couloir et au bout du  couloir deux
portes s'ouvrirent.
Dans chaque chambre, un petit lit les attendait entouré d'une montagne de
peluches toutes plus douces les unes que les autres.
Elles se glissèrent chacune dans un lit et la fatigue les emportât dans  un
sommeil profond.
Au petit matin, une odeur de chocolat chaud et de tartines grillées  les
réveilla. En suivant l'odeur elles arrivèrent dans une salle  à manger
où 2 bols fumants les attendaient. Elles burent avec plaisir. Elles se
changèrent car pendant leur sommeil, leurs habits avaient  disparus
remplacés par des tenues toutes propres qui leur allaient  parfaitement.
Elles ressortirent et reprirent leur marche vers le château qui  semblait
maintenant proche.
 
Mais une autre boutique les attendait. Une boutique de jouets.  Il y
avait une montagne de jouet qui leurs tendaient les bras.  Après plusieurs
heures passées à tout essayer, elles revinrent dans  la rue. Un peu loin
les attendaient une autre boutique qui semblait  savoureuse à souhait. Il
s'agissait d'une boutique de glaces. Comme d'habitude tous leurs souhaits
étaient exaucés. Les cornets  se remplissaient tout seul. Elles mangèrent
beaucoup de glaces et  puis enfin ressortirent.
 
Elles arrivèrent enfin en vue du château. Alors qu'elles marchaient sur  le
pont-levis, un chambellan vint à leur rencontre. Elles visitèrent les
salles du château et au bout de quelques heures  alors que leurs jambes
commençaient à être lourdes, le chambellan  ouvrit une grande salle. Au
fond, on pouvait apercevoir une estrade et sur l'estrade il y  avait un
trône .En s'approchant, elles virent un jeune homme assis sur  le trône. Il
leur souriait. Il leur dit : « approchez, n'ayez pas  peur. » Lorsqu'elles
furent près du trône, elles s'aperçurent que le  jeune homme avait une peau
toute dorée.
Arthur les accueillit avec ces paroles :
 
« Laure, tu m'as d'abord sauvé la vie en me libérant de la flaque  d'eau.
J'étais prisonnier et appelé à une mort certaine. Puis  tu  m'as rendu ma
liberté alors que j'étais un petit poisson et tu as  suivi les bons conseils
de ta sœur. Pour te remercier tu pourras  venir dans mon royaume à chaque
fois que tu le voudras. Il suffira  que tu penses très fort à moi et une
montgolfière viendra te  chercher.
Maintenant vous devez retourner chez vous toutes les deux car beaucoup  de
monde s'inquiète de votre absence.
Au revoir. »

Pierre Paradis 30/07/2007



04/08/2007
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 90 autres membres