Rêveries et Langueurs

Rêveries et Langueurs

Belle-île-en-mer

Belle-isle mer,

Nichée en face de la presqu'île de Quiberon, un point sur la mer.

Le ferry qui me porte vers la belle me fait penser à une île en mouvement ; île flottante, sur laquelle  je laisse au vent le droit de me frôler, de me piquer, de m'enivrer.

La mer, cette étendue qui m'appelle (la mère ?), qui me porte, me berce, mouille mes lèvres de son sel. Je suis une des rares personnes à être sur le pont ; il fait froid, il fait gris et le vent marin glace les os.

Aussi loin que je remonte dans mon enfance, la mer m'a toujours fascinée ; par sa beauté, par sa puissance, par son odeur, par ses mystères qu'elle retient en son sein.

Un point qui lentement prend forme, forme qui se précise, qui s'approche pour enfin découvrir une langue de terre.

Loin de la terre, celle qui porte la fureur de vivre, celle qui fait oublier les sens premiers, une nouvelle terre, à mon échelle, abordable, humaine.

Un coquillage qui s'ouvre sous mes pieds, qui se laisse fouler dans ce silence qui m'est cher, ce calme qui m'est vital.

Un coquillage bordé de lèvres de sable, défendu par des dents de granit.

La première chose qui a arrêté mon regard a été les bruyères sauvages qui recouvrent la lande d'une robe violette. Oui, belle île est sauvage, ses criques inaccessibles aux paresseux, ses phares gardés par des sternes aux cris stridents,  ses remous qui barrent la route aux curieux.

Ses églises ensorcelées, ses habitants secrets, son histoire douloureuse et ses marins rustres.

J'avais loué un cabanon dans le port de SAuzon. La lumière était grise, le ciel voilé mais les hortensias vieux rose donnaient une touche d'un charme infini.

René, l'îlien m'a accueilli poliment, aidée à m'installer et est parti sans un mot.

Sans prendre le temps de défaire mon sac, je suis partie à la découverte de Sauzon.

Imagine un arc-en-ciel à portée de main ; de petites maisons aux volets colorés de bleu, rose, vert, jaune en des déclinaisons multiples. Un port qui ballote de petits bateaux  aux tons criards, un phare au bout de la jetée scintillant de mille feux et toute cette beauté surveillée par une mer bleu souris. L'émerveillement.

J'ai posé  mes fesses sur une corniche et le temps s'est arrêté. Je ne peux dire combien de temps je suis restée là à m'imprégner de ce paysage.

Belle-île se visite à pieds ou à vélo ; à chaque détours, un menhir, une grotte, une plage battue par les vagues, une forêt qui sent le pin, une église blanche et sa fontaine, ses vieux qui jouent à la pétanque et ses pâtisseries aux gâteaux regorgeant de beurre et de sucre. Et puis ses lucioles timides ampoules dans la nuit, ses « pompons » qui font des bouquets secs.

J'ai eu, depuis, le temps de régaler mes yeux d'eaux turquoises, de plages désertes de sable blanc mais Belle-île reste mon île préférée.

J'y suis retournée, j'ai apprivoisé René l'îlien, il m'a raconté son île, l'histoire de sa population expatriée de force pour peupler quelques états d'Amérique, ses légendes, ses sorcelleries.

Il m'a dit sa souffrance de voir arriver chaque été ces vagues de touristes, il m'a murmuré les batailles menées pour sauvegarder Son île.

Je n'ai pas remis le pied sur cette île depuis trop longtemps, mais j'espère qu'elle a gardé ce caractère particulier qui à séduit Sarah Bernard..

Le bonheur ne se trouve pas à l'autre bout du monde ; il suffit de savoir à quoi on aspire, dans quel environnement on se sent bien.

J'ai ressenti ces mêmes émotions devant un champs de coquelicots perdu dans le campagne, dans une cabane de pêcheur au lac de Lacanau,  tous ces endroits que l'homme n'a pas encore urbanisé, tous ces endroits où l'on se sent serein et si petit devant Dame nature..

Dans une vie antérieure, je devais être ermite !



21/06/2007
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